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Pour son deuxième album, Isata Kenneh-Mason a tourné son regard vers les États-Unis. Comment constituer un programme américain sans George Gershwin (1898-1937) ? Elle a choisi plusieurs pièces du répertoire du célèbre compositeur new yorkais. Seuls les Trois préludes (1926) pour piano sont interprétés ici suivant la partition d'origine. La célèbre chanson The Man I Love nous est proposée dans la version de concert de 1944 de Percy Grainger respectueuse de l'originale inspirée par la transcription pour piano de Gershwin lui-même. Les autres célèbres thèmes Summertime et I Got Rhythm qui ouvrent l'album sont des adaptations du pianiste Earl Wild.
La pièce d'envergure du programme, encadrée par les pièces de Gershwin, est la Sonate op.26 (1949) de Samuel Barber (1910-1981). Son caractère affirmé aux accents de modernité incisifs et au lyrisme passionné tranche avec le Nocturne (1959) mélancolique et grâcieux qui la précède de Barber également écrit en hommage à l'inventeur du genre qu'était le compositeur irlandais John Field (1782-1837). Même si elle diffère des autres compositions par ses choix esthétiques, elle les rejoint sur ses aspects populaires dont elle ne manque pas. La dextérité et la sensibilité d'Isata Kanneh-Mason y fait des merveilles. Elle y met en avant toute l'expressivité d'une œuvre tant puissante et tendue que sensible et délicate qu'elle qualifie de "multidimensionnelle" mettant l'interprète à rude épreuve.
Évoquant le doux écoulement d'un cours d'eau, la pièce By The Still Waters (1925) d'Amy Beach (1867-1944) offre un précieux moment de relaxation et de contemplation avant le "scherzo humoristique" The Cat and the Mouse (1920) d'Aaron Copland (1900-1990). Comme le titre l'indique, celui-ci évoque la chasse d'une souris par un chat. Les effets musicaux décrivant les différents moments de l'action y sont délicieux et distrayants. On y entend le chat se mettre à l'affut, avancer à pas de velours, poursuivre la souris tout aussi agile, avec des moments de pause durant lesquels on semble voir la démarche chaloupée du chat ou les moments de recherche et de cache de la souris. Cette dernière semble s'échapper doucement à la fin sur ses petites pattes graciles...
Le programme se termine par des pièces du compositeur britannique Samuel Coleridge-Taylor (1875-1912) qui s'est souvent inspiré de la culture populaire américaine dans ses œuvres. L'Impromptu n°2 est ici présenté en première mondiale. Les trois pièces finales sont issues de ses 24 Negro Melodies op.59 (1905) offrant d'intéressantes adaptations de Negro Spirituals à la musicalité sensible et d'autres thèmes comme The Bamboula évoquant une danse aux origines africaines pratiquée notamment à l'époque de l'esclavage aux États-Unis.
On avait apprécié la qualité d'interprétation d'Isata Kanneh-Mason dans son premier album, le deuxième confirme le merveilleux talent de la pianiste et sa capacité à nous proposer des programmes intéressants. Une artiste à suivre !
Paru le 9 juillet 2021 - Rayon Musique classique
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