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Une œuvre rare !

À quinze ans, Mozart était déjà un compositeur aguerri. Betulia Liberata (1771), officiellement appelé "action sacrée en deux parties", est son seul oratorio achevé. Commandé par le prince d’Aragon Don Giuseppe Ximenes, mécène musical de Padoue, il ne fut finalement jamais exécuté. L’œuvre est un oratorio par son sujet sacré, sur un livret du poète italien Metastase (1698-1782), mais dès l’ouverture on ressent déjà tout l’art maîtrisé du compositeur d’opéras qu’est en train de devenir le jeune Mozart. Le drame est là, le contraste vivifiant, la grâce et l’agilité de l’écriture rendent l’œuvre dynamique dès le premier abord. Cela se confirme par la suite avec une écriture alternant récitatifs toniques et airs au lyrisme tant brillant et orné que touchant et gracieux, le tout ponctué de rares chœurs et combiné à une écriture orchestrale colorée et énergique.

L’histoire est extraite du livre de Judith dans l’Ancien Testament. Béthulie est une ville israélite assiégée par les Assyriens. Dans la première partie, sa population souhaite que son gouverneur Ozias se rende l'accusant d'être responsable des malheurs qui l’accablent durant le siège. On suit avec un réel engouement musical les supplications des représentants du peuple israélite envers leur gouverneur, on se laisse attendrir, on est emporté par leur fureur, on assiste à l’affrontement des valeurs entre se rendre et résister, on est touché par les prières désespérées. On assiste à l’arrivée providentielle de l’héroïne Judith, guidée par Dieu, incarnant noblesse et force de caractère. Le rôle est joliment tenu par Teresa Iervolino à la voix aux riches couleurs graves et chaudes. Puis vient la rencontre avec l’ennemi Achior admiratif du puissant dieu des Israélites, abandonné par son chef le farouche et impie Holopherne, et son accueil charitable et fraternel par Ozias. Le départ de Judith pour sa mission divine termine cette partie.

Un échange entre les deux ennemis sur leurs conceptions divines ouvre la deuxième partie de l’oratorio menant Achior au doute. À son retour, Judith décrit quel fut son stratagème pour supprimer Holopherne et ramène la tête du chef ennemi. Cela a pour effet la conversion définitive d’Achior au dieu d’Abraham et renforce la foi de ceux qui avaient douté. Du côté des Assyriens, cela sème le désordre. Sous l’effet de la peur, ils s’enfuirent et s’entretuèrent. L’œuvre se termine par des louanges envers le Seigneur célébrant la libération de Béthulie en alternance avec des airs de Judith résumant l’histoire.

Toute la finesse, l’élégance et le rythme captivant de l’écriture mozartienne se retrouvent dans cette œuvre méconnue. Elle est superbement interprétée par les "Talens Lyriques" dirigés par Christophe Rousset. Les solistes sont délicieux et incarnent à merveille chaque personnage. Tout est ici réuni pour nous faire passer un bien agréable moment musical ! Voilà une belle découverte !

Avec : Sandrine Piau (Amital), Amanda Forsythe (Cabri & Carmi), Teresa Iervolino (Giuditta), Pablo Bemsch (Ozias) et Nahuel Di Pierro (Achior). Choeur Accentus, Orchestre Les Talens Lyriques, Christophe Rousset (chef d'orchestre).

Paru le 25 septembre 2020 - Rayon Musique classique

Mode d'emploi de l'écoute : extraits de 30 secondes (titres en entier après inscription gratuite sur Spotify) :

AIR D'AMITAL QUEL NOCCHIER (situé dans la seconde partie de l'œuvre) :

INTERVIEW :

Tag(s) : #Musique classique, #Musique sacrée, #Lyrique
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