
L'oeuvre d'Arnold Schoenberg (1874-1951) comporte plusieurs esthétiques allant du post-romantisme à la modernité débridée du dodécaphonisme rompant radicalement avec les codes d'écriture précédents.
Le programme nous propose deux œuvres représentatives de l'évolution du compositeur. La première présentée ici, le Concerto pour violon (1936), combine le classicisme de la forme à la modernité de l'atonalité. Entre bribes de mélodies, touches de couleurs tonales et éclairs fulgurants brisant l'écriture classique, le concerto subjugue par sa force de caractère et son équilibre judicieux entre tradition et modernité. L'écriture orchestrale est brillante et le discours exigeant au lyrisme exacerbé du violon met le soliste à rude épreuve. Loin d'une modernité froide et technique, l'oeuvre ne manque pas d'émotion alternant délicatesse et fougue. Rigueur et élégance classiques, passion romantique et esthétique contemporaine y sont associées de façon exemplaire.
La Nuit transfigurée (1899) est une suite de pièces pour sextuor à cordes écrites selon le principe du "poème symphonique", c'est à dire à partir d'un programme littéraire préexistant, en l’occurrence ici sur un poème de Richard Dehmel. D'écriture tonale et de style post-romantique, on y entend déjà le goût du jeune compositeur pour un discours dramatique exprimant aussi bien la passion, la fougue, la délicatesse, la noirceur, alternant profondeur et légèreté.
Si ces deux œuvres sont distantes dans le temps et différentes esthétiquement, elles ne sont finalement pas si éloignées que ça l'une de l'autre dans l'esprit. Dans chacune d'elle le compositeur se pose la question de savoir comment renouveler le langage sans sacrifier l'expressivité des sentiments. Et c'est ce qui fait de Schoenberg un compositeur très intéressant !
Paru le 28 février 2020 - Rayon Musique classique
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ÉMISSION DEMANDEZ LE PROGRAMME SUR LA "RTBF" AVEC ISABELLE FAUST À PROPOS DE L'ALBUM (20/04/2020) :
LE POÈME DE RICHARD DEHMEL (1863-1920) SERVANT DE PROGRAMME À L'OEUVRE LA NUIT TRANSFIGURÉE :
